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Noctunal Animals - Austin Wright

J’ai été au repos la semaine passée. Il paraît qu’une tension à 8 est insuffisante pour aller au boulot ; alors tandis que je mange salé (c’est bon pour ma tension, alors laissez-moi manger des chips et boire de la San Pellegrino), je lis. J’ai fini trois livres en trois jours, un vrai délice !

Parmi eux, Nocturnal Animals. J’avais entendu parler du film (j’adoooooooooore Jake Gyllenhaal), mais comme souvent, je trouve plus sympa de lire l’oeuvre d’origine avant de découvrir l’adaptation ciné. Contrairement à Gone Girl, je découvrirai le film avec plaisir… puisque j’ai beaucoup aimé le roman !

Susan Morrow s’ennuie dans sa vie rangée. Mariée à un chirurgien un peu volage, mère de trois enfants, elle est l’archétype de la femme à qui la vie sourit. Elle reçoit un manuscrit de son ex mari, Edward, lequel lui demande son avis et lui propose de la revoir, après de nombreuses années sans le moindre contact.

Susan se plonge dans la lecture de Nocturnal Animals comme je m’y suis plongée : intensément. Elle va suivre l’histoire de Tony Hastings, de l’enlèvement de sa femme et de sa fille jusqu’à sa vengeance cathartique. Tony est un personnage lâche, tourmenté, qui subit les choses plus qu’il ne s’en rend réellement maître. Susan est littéralement captivée par le récit, alors que lors de son divorce d’avec Edward, elle le considérait comme un écrivaillon raté. De façon assez insidieuse, l’histoire de Tony Hastings va amener Susan à s’interroger sur sa vie, ses choix, et remettre en cause ce qu’elle considère comme des réussites.

J’ai vraiment été épatée par ce roman. Il est très très immersif et il repose sur un pari risqué : deux histoires en une. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au film Inception, que j’adore, et le concept est un peu le même, finalement. Planter une idée dans la tête de quelqu’un pour faire germer les réactions que l’on attend. Je pense qu’on peut trouver plusieurs interprétations à Nocturnal Animals et la mienne n’est pas particulièrement détonnante. J’ai pris l’histoire comme une histoire de vengeance.

Alors évidemment, pour l’histoire de Tony Hastings, c’est plutôt évident. Se faire embringuer dans la chasse aux hommes qui lui ont enlevé sa femme et sa fille est assez prévisible, en somme. L’auteur dresse par contre un portrait très intéressant de ce drôle de héros : il est au final très passif, subit les événements et les choix des autres plutôt que d’être réellement acteur de ce qui se passe. Le parallèle avec Susan est facile à faire, et particulièrement illustré par la partie où son mari et elle “discutent” d’un déménagement - presque acté en fait - à l’autre bout du pays pour faciliter la carrière de monsieur. Le choix n’est qu’une façade.

Cette notion de façade est assez prégnante elle aussi. Tony donne le change. Il “joue” l’homme rebelle, endeuillé, revanchard, courageux, mais il est intimement persuadé de n’être aucun de ces hommes. Susan “joue” la femme indépendante, fière de ses choix, de sa réussite, l’épouse loyale, et la lecture de Nocturnal Animals va ébranler toutes ses convictions.

C’est là que se joue la vengeance d’Edward, dont est dressé un portrait assez peu flatteur - puisque conté du point de vue de Susan. Son attitude par le passé a rempli Edward de doutes quant à ses capacités d’écriture et il a eu le sentiment d’être abandonné. De nombreuses années plus tard, il lui envoie son manuscrit, qui, telle une bombe à retardement, va semer en elle les mêmes émotions, et la faire passer par les états que lui aussi a subi.

A ce titre, Edward aussi ressemble à Tony car cette forme est vengeance est couarde et lâche. Pas de confrontation directe, de longues années à fourbir sa plume comme arme… Un stratagème bien machiavélique ! Pour un résultat aussi minable que dans son roman. (Et pan dans les dents. La vengeance, c’est mal, mon petit.)

Nocturnal Animals est donc pour moi une très chouette découverte littéraire. Reste la confrontation filmique… à suivre !

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