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Cornebidouille - Pierre Bertrand & Magali Bonniol

J’étrenne une nouvelle catégorie ce soir : la littérature pour enfants ! Chez nous, lire est devenu une affaire de famille.

Ma fille aînée a cinq ans et demi et je lui ai lu sa première histoire alors qu’elle n’avait pas 24h de vie. Sa petite sœur, trois ans plus tard, a eu la même chose - la même histoire, quelques heures après sa naissance. Rétrospectivement, ce fut une façon de nous poser, elles et moi, après ces moments rock’n roll que sont les accouchements ; un moment de calme, à elles et moi (pour mon aînée, un des rares moments de calme à la maternité… hmpf, passons !). Puisque je sens que la question vous brûle les lèvres, sachez que je leur ai lu Madame Bonheur. Petit livre offert par un meilleur ami-tonton-parrain ému et aimant (coucou Antoine, mon canard adoré).

Aujourd’hui, si les histoires sont parfois un peu expédiées, voire “zappées” parce qu’il est trop tard et que les enfants fatiguées sont juste bonnes à être jetées dans leurs lits avec moult baisers et mots d’amour, l’histoire du soir reste un moment que nous apprécions tous.

Vous imaginez qu’en cinq ans et demi, la bibliothèque des enfants est devenue plutôt riche ! Je ne m’étendrai pas sur les quelques Hello Kitty et Petits Poneys qui y gambadent à mon grand désespoir - ou plutôt si, mais pas maintenant - pour commencer avec un grand classique : Cornebidouille.

Cornebidouille part d’une situation hyper simple que tout parent a vécu : celle du chérubin qui gigote sur sa chaise et refuse de dîner. Ici, notre petit Pierre, héros à lunettes rouges, refuse de manger sa soupe. Excédé, son papa fait planer l’ombre de la sorcière Cornebidouille, ultime menace pour faire manger Pierre, avant d’expédier son marmot récalcitrant au lit. Et bien évidemment, Cornebidouille, ventrue comme une soupière et de fort méchante humeur, débarque en pleine nuit, bien décidée à faire manger toute la soupe à Pierre.

Bon, ce n’est pas très bienveillant tout ça, le papa qui prive son fils de dîner et la vilaine sorcière qui joue la carte de l’intimidation, mais c’est tellement drôle qu’on ne s’en lasse pas ! Quand je dis que Pierre est un héros, ce n’est pas seulement parce qu’il partage la tête d’affiche avec Cornebidouille. Il lui tient la dragée sacrément haute, il a du répondant, et même réveillé en pleine nuit, il ne se laisse pas intimider par une mocheté qui a du poil au menton. Il finit même par la jeter dignement au fond des toilettes.

Mes filles adorent ces livres - car oui, il y en a plusieurs, pour notre plus grand plaisir - et moi aussi. Déjà pour le simple plaisir de les faire rire en donnant à Cornebidouille une voix haut perchée et en exagérant à fond ses réactions. Il faut dire que la pauvre sorcière se fait mettre au tapis à chaque tentative d'intimidation et que son indignation est plutôt légitime…

L’identification des enfants au personnage de Pierre est facile : rares sont ceux qui n’ont jamais rechigné devant de la soupe, qui n’ont pas de doudou et qui ne ronchonnent pas quand ils vont au lit. Si votre doudou a les cheveux en bataille et des lunettes, cela n’en sera que plus facile. L’histoire est de ce fait facilement attrayante pour les petits. Et puis… on y dit des presque-gros-mots ! On dit à une sorcière qu’elle sent les chaussettes de son père ! Le langage utilisé, du “bon” français qui tourne la sorcière en ridicule dès qu’elle ouvre la bouche, est à mon sens une des clés pour taper dans le mille et se faire apprécier des lecteurs, quel que soit leur âge.

L’honneur de la cause enfantine est sauf puisque c’est l’enfant qui triomphe de la sorcière, sans violence, juste par la force de sa malice et de ses mots. Là encore j’y vois quelque chose de vraiment bien, en tant que parent : on martèle, à certains âges, que taper est inutile, que ça ne résoudra pas les problèmes. Cornebidouille en est une formidable illustration : ce qui sauve Pierre des griffes de la sorcière, c’est sa capacité à rester calme devant la menace, et d’y répondre de façon à tourner la situation à son avantage, en jouant sur les réactions de Cornebidouille, tout en se protégeant de tout contact direct. Et tout ça, raconté d’une façon vraiment drôle, ce qui passe sous silence cet aspect éducatif, et qui accroche vraiment bien l’attention de nos petits.

Les illustrations sont très chouettes, Cornebidouille a vraiment un look de mamie revêche, Pierre a une trombine vraiment attachante et ses doudous illustrent bien des émotions enfantines qui peuvent être sous-jacentes. Une belle harmonie entre les images et les écrits.

Cornebidouille a eu quelques suites que je vous recommande aussi chaudement que le premier :

La Vengeance de Cornebidouille : quand la soupe à la sorcière réussit… presque.

Cornebidouille contre Cornebidouille : deux fois plus de sorcière ventripotente et de presque-gros-mots.

Gloups ! J’ai avalé Cornebidouille : une conclusion gentiment cracra de la série. Le moins bon à mon avis, et moins plébiscité par mes enfants que les trois autres.

Cerise sur le gâteau, un jeu Cornebidouille a été développé et plaira sans aucun doute aux enfants qui commencent à lire seuls. Il s’agit de se balancer les expressions utilisées dans les livres en toute impunité... c'est aussi drôle que les livres, et c'est une façon agréable de continuer à nager dans cet univers fort sympathique !

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